Charlotte Bichon: Renouveler le patrimoine productif
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L’arpentage du territoire, à la découverte des infrastructures énergétiques de notre quotidien, m’a amené à trouver la ferme de Lamirault près d’une ligne RTE et d’une ZAC. Son architecture poétique (tourelles d’angles, douves, pigeonnier) en fait un lieu historique d’exception, mise en marge de la ville nouvelle. En correspondance avec la volonté de reterritorialiser l’énergie selon l’analyse de groupe et avec les terres que proposent la ferme, je me suis intéressée à la revalorisation de la filière du cheval de trait, avec une production d’énergie par méthanisation. Cette dernière est un processus qui permet à la fois d’avoir du compost et à la fin permet de distribuer de l’électricité, du gaz et chauffage. La ferme pourrait produire de l’électricité pour la ferme et l’éclairage des deux ZACS. Elle s’ancrerait alors dans une logique de reterritorialisation de la production d’énergie sous le prisme du cheval perçu comme un vecteur d’un nouveau paysage. La reconnexion de la ferme à son contexte passerait également par les interventions ponctuelles des chevaux au service de l’entretien des espaces verts, ramassages scolaires, débardage et balade touristique. Les touristes pourront se balader sur le site, découvrir l’aspect technique de la ferme et pourront rester dormir. Ce programme est en lien avec les trois intentions de projet : l’hybridation d’un lieu de loisir à un lieu de production d’énergie, la mise en perspective du contraste architectural entre l’infrastructure énergétique et une ferme historique et enfin retrouver le lien entre la ferme et son territoire.
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PROBLEMATIQUE DE LA FILIERE DE MASTER « TRANSFORMATION
La filière de master « Transformation » repose sur trois postulats.
Le premier est que la discipline architecturale – aussi bien que le métier d’architecte – ne seront plus guidés, dans les années à venir, par l’élaboration d’un monde neuf. Non parce que les enjeux du monde actuel sont stables. Nous savons que c’est tout le contraire : l’impératif environnemental invalide un grand nombre des situations construites dont nous héritons et la probable crise climatique qui s’annonce ne fera qu’augmenter l’étendue de cette obsolescence. C’est là le paradoxe inédit dans lequel nous sommes désormais plongés : il faudrait construire un monde plus durable, moins obsolescent, mais nous devons, en même temps réduire drastiquement la consommation des sols et des ressources pour faire face au défi écologique. C’est donc avec et non sur les ruines de la modernité industrielle qu’il nous faut apprendre à construire.
Le second postulat est la remise en jeu d’une notion architecturale historique : l’inscription dans un temps long qui ne limite pas celui de l’œuvre. Ce postulat nous amène à envisager l’architecture comme la mise en forme d’une mutation et non comme la seule projection circonstanciée d’une idée ou d’un programme. Il s’agit de s’émanciper de la priorité donnée à l’objet architectural – et à ses innovations – au profit d’une approche qui prend en compte les processus temporels et les états successifs de chacune des situations.
Le troisième postulat est que la préparation d’un site destiné à accueillir une construction ou un aménagement fait partie intégrante du projet architectural : elle en constitue le premier acte. Une des questions les plus négligées depuis un siècle et demi nous semble être celle du sol. La nécessité dans laquelle nous sommes plongés d’envisager le monde « dans ses murs » constitue ainsi une formidable occasion de réinvestir cette question séculaire.
ATTENDUS
L’objectif de cet exercice conclusif de la filière est d’élaborer un projet personnel de transformation d’une situation construite abandonnée ou obsolète. Chaque situation a été identifiée au terme d’une exploration par groupes de la communauté d’agglomération de Blois, selon cinq thèmes distincts : paysage, forme urbaine, alternative, économie et gouvernance. Cette exploration s’est déroulée durant le S9. Les étudiant.e.s sont amenés à développer individuellement leur projet en rapport avec l’existant et à élaborer une architecture qui tout à la fois révèle et ressuscite celui-ci.
FONDEMENTS
L’atelier repose sur cinq fondements principaux :
La mise en distance de la notion de patrimoine
Le projet s’appuie sur une manière attentive d’observer le déjà-là, d’en révéler ses qualités propres, sans se préoccuper des valeurs courantes du patrimoine. L’objectif de l’atelier n’est pas, en effet, de valoriser un héritage mais bien plutôt de sélectionner les éléments d’une situation construite à partir desquels il devient possible de faire projet.
L’analyse à partir du projet
L’inspiration du projet ne provient pas tant d’une connaissance géographique, sociale ou économique du site et du programme que de l’exploration d’un thème architectural et de sa capacité à révéler les qualités et la substance du monde dans lequel les étudiant.e.s sont amenés à intervenir. L’inventaire et le relevé du déjà-là se doivent donc d’être d’emblée orientés.
La transformation par analogie
La méthode analogique constitue une alternative à celles de fusion ou de juxtaposition issues de deux siècles de « construction dans le construit ». Elle permet d’élargir la gamme des rapports possibles entre existant et projet, souvent réduite à une tension entre héritage et création. L’existant peut ainsi être tout à la fois considéré comme ruine, source d’inspiration, matériau ou ressource.
Le privilège de la situation sur l’objet
Les projets de la transformation portent aussi bien sur les constructions que sur les sols. À ce titre, ils n’accordent pas davantage d’intérêt à la matérialité des bâtiments qu’à celle de leurs extérieurs.
Le collage
La technique du collage est privilégiée. Elle permet, dans la représentation des projets, l’association équivalente du neuf et de l’existant, sans que l’un ne s’efface au profit de l’autre. Le collage peut également contribuer à une économie de rendu, la description sélective de l’existant pouvant être incluse dans l’image du projet.