Réparer la Ville Nouvelle de Marne-la-ValléeÀ propos
Lucie Sacchetto : Reconquête du Canal
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Le site de projet, le long du canal de Chelles, présente des caractéristiques typiques à la fois des zones d’activité et des lieux au cadre naturel attractif. Il marque une limite de typologies d’aménagement et de considération des sols et des flux : îles entre la Marne et le canal marquées par du pavillonnaire et des îles de loisir ; puis l’industrie et le commerce aux infrastructures plus importantes lui tournant le dos.

Le projet redonne au canal sa place au centre des activités (productives ou de loisir) et des flux. Un imaginaire des bords de Marne 2.0 qui prend en compte les nouvelles infrastructures et anticipe des changements profonds de notre mode d’habiter le territoire productif. Il se construit en plusieurs temporalités, comme processus. Premièrement l’arrivée de la logistique fluviale, marquée par le port de marchandises faisant signal dans le paysage longitudinal du canal. En résulte une réaction en chaîne de transformations formelles et fonctionnelles possibles du site, par l’espace public, comme un accélérateur de renouveau urbain par l’activité.

Le projet s’étend au sein du parcellaire existant, redéfinissant les limites du foncier par une percée publique au sein d’un univers de cloisonnements. Le sol est marqué par plusieurs traitements distincts et moins uniformes. Des axes multiflux viennent se greffer à la circulation existante permettant plus de liberté de déambulation de la part de tous les types d’usagers. Le long des nouvelles circulations, certaines zones sont susceptibles de se transformer avec le temps, s’organisant autour de la nouvelle trame d’espace public. D’autres bâtiments, moins susceptibles d’être détruits, pourraient quant à eux ouvrir leur façade en direction des anciens arriere ville, inversant la logique d’implantation première.

Le port fluvial présente une grande emprise servant de point d’accroche entre le Canal et la ZAC. La double fonctionnalité d’espace public et de Fret se partagent les heures de la journée. La division intérieure en sous espaces et la présence des ponts roulants permettent la multiplicité des usages sous la toiture apportant une unité à la construction. La passerelle piétonne à proximité du port permet un passage plus agréable vers l’autre rive du canal et un accès direct aux bords de marne longeant la station anti-crue. Le bâtiment met en relation le Canal dont il devient la façade et la ZAC dont il est le prolongement. La spatialité interne joue des différents aménagements et fonctions du site. Cela se lit jusque dans la toiture, où transparence et opacité jouent entre cadrage des vues et légèreté de la construction, dans un espace appropriable et libre de s’adapter aux usages et au temps.

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PROBLEMATIQUE DE LA FILIERE DE MASTER « TRANSFORMATION

La filière de master « Transformation » repose sur trois postulats.

Le premier est que la discipline architecturale – aussi bien que le métier d’architecte – ne seront plus guidés, dans les années à venir, par l’élaboration d’un monde neuf. Non parce que les enjeux du monde actuel sont stables. Nous savons que c’est tout le contraire : l’impératif environnemental invalide un grand nombre des situations construites dont nous héritons et la probable crise climatique qui s’annonce ne fera qu’augmenter l’étendue de cette obsolescence. C’est là le paradoxe inédit dans lequel nous sommes désormais plongés : il faudrait construire un monde plus durable, moins obsolescent, mais nous devons, en même temps réduire drastiquement la consommation des sols et des ressources pour faire face au défi écologique. C’est donc avec et non sur les ruines de la modernité industrielle qu’il nous faut apprendre à construire.

Le second postulat est la remise en jeu d’une notion architecturale historique : l’inscription dans un temps long qui ne limite pas celui de l’œuvre. Ce postulat nous amène à envisager l’architecture comme la mise en forme d’une mutation et non comme la seule projection circonstanciée d’une idée ou d’un programme. Il s’agit de s’émanciper de la priorité donnée à l’objet architectural – et à ses innovations – au profit d’une approche qui prend en compte les processus temporels et les états successifs de chacune des situations.

Le troisième postulat est que la préparation d’un site destiné à accueillir une construction ou un aménagement fait partie intégrante du projet architectural : elle en constitue le premier acte. Une des questions les plus négligées depuis un siècle et demi nous semble être celle du sol. La nécessité dans laquelle nous sommes plongés d’envisager le monde « dans ses murs » constitue ainsi une formidable occasion de réinvestir cette question séculaire.

ATTENDUS

L’objectif de cet exercice conclusif de la filière est d’élaborer un projet personnel de transformation d’une situation construite abandonnée ou obsolète. Chaque situation a été identifiée au terme d’une exploration par groupes de la communauté d’agglomération de Blois, selon cinq thèmes distincts : paysage, forme urbaine, alternative, économie et gouvernance. Cette exploration s’est déroulée durant le S9. Les étudiant.e.s sont amenés à développer individuellement leur projet en rapport avec l’existant et à élaborer une architecture qui tout à la fois révèle et ressuscite celui-ci.

FONDEMENTS

L’atelier repose sur cinq fondements principaux :

  1. La mise en distance de la notion de patrimoine

Le projet s’appuie sur une manière attentive d’observer le déjà-là, d’en révéler ses qualités propres, sans se préoccuper des valeurs courantes du patrimoine. L’objectif de l’atelier n’est pas, en effet, de valoriser un héritage mais bien plutôt de sélectionner les éléments d’une situation construite à partir desquels il devient possible de faire projet.

  1. L’analyse à partir du projet

L’inspiration du projet ne provient pas tant d’une connaissance géographique, sociale ou économique du site et du programme que de l’exploration d’un thème architectural et de sa capacité à révéler les qualités et la substance du monde dans lequel les étudiant.e.s sont amenés à intervenir. L’inventaire et le relevé du déjà-là se doivent donc d’être d’emblée orientés.

  1. La transformation par analogie

La méthode analogique constitue une alternative à celles de fusion ou de juxtaposition issues de deux siècles de « construction dans le construit ». Elle permet d’élargir la gamme des rapports possibles entre existant et projet, souvent réduite à une tension entre héritage et création. L’existant peut ainsi être tout à la fois considéré comme ruine, source d’inspiration, matériau ou ressource.

  1. Le privilège de la situation sur l’objet

Les projets de la transformation portent aussi bien sur les constructions que sur les sols. À ce titre, ils n’accordent pas davantage d’intérêt à la matérialité des bâtiments qu’à celle de leurs extérieurs.

  1. Le collage

La technique du collage est privilégiée. Elle permet, dans la représentation des projets, l’association équivalente du neuf et de l’existant, sans que l’un ne s’efface au profit de l’autre. Le collage peut également contribuer à une économie de rendu, la description sélective de l’existant pouvant être incluse dans l’image du projet.

 

Forme urbaine

Alternatives

Paysage

Gouverance

 

 

Economie